vendredi 20 avril 2007

Ma merveilleuse étoile

Le ciel commence à bleuir. C’est cependant suffisant pour offrir un aspect embellissant à toute image et spécialement à ce beau palmier que je découvre chaque matin dès que j’ouvre mes persiennes. Il orne le jardin de la villa voisine mais sa proximité me permet de profiter du charme de ses palmes qui aujourd’hui, s’éventent sous la caresse d’une brise légère. Bien sûr, elle n’a rien d’approchant avec le fougueux mistral de mon enfance mais elle anime ses palmes se découpant dans une imprécise lueur.
A cette heure matinale, Cap d’Ail dort encore. Pourtant, Caruso, mon oiseau charmeur est déjà là afin, semble-t-il, de ne pas rater notre matinal rendez-vous. Perché sur la plus haute feuille, il s’égosille pour attirer mon attention. Je lui réponds pour vanter l’incomparable splendeur de ses plumes, et la voix incomparable que le Dieu des emplumés de la race des petits chanteurs, a eu la bonté de le doter. Evidemment, j’exagère un tantinet ses attraits mais je suppose que les ovipares tout autant que les Marionnettes humaines, sont aussi sensibles aux hommages que le sont ces dernières.
Ces civilités quotidiennes accomplies, je me tourne vers la ligne d’horizon pour ne rien perdre du spectacle qui se prépare. Elle s’enflamme graduellement, transformant son rose pâle initial, en un rouge qui deviendra éclatant à l’arrivée des rayons solaires.
Ce jour, 18 janvier de l’ère nouvelle, je crois qu’il va nous réserver un flamboiement superbe. Cette vision est unique pour celui qui sait encore croire en la poésie d’une mer se déchaînant avant de venir s’écraser sur des rochers, ou d’un paysage d’or transformant la verdure de nos plantes alpestres.
Un jour nouveau se lève, prenant le relais après les longues nuits sans lune d’un ciel embrumé. Je prie Dame Météo d’être généreuse en nous octroyant quelques rayons de soleil car vraiment, les gens du Midi ne sont pas faits pour la pluie.
La journée se passera dans le bruit car aujourd’hui, c’est dimanche et ma petite nichée va venir nous rendre visite. Les heures s’écouleront avec bien plus d’animation mais devrais-je m’en plaindre, alors que tellement de personnes âgées sont abandonnées par leur famille ?
Ce soir, avant de me blottir sous mes draps, et si le temps le permet, j’ouvrirai ma fenêtre et je retrouverai dans le ciel étoilé mes amies essaimées de part et d’autre de Madame la Lune, pour lui faire une fidèle cour. Je n’y ai jamais vu mon ami Pierrot la chevauchant mais sans doute cela ne peut être perceptible aux regards des terriens !!!...
La nuit entre dans ma chambre sans nul obstacle s’opposant à sa curiosité. A présent, le palmier se découpe en ombre chinoise, ce qui me permet de constater que le petit merle s’est envolé.
La lune s’inspire du soleil pour prendre royalement la relève. Peu importe son image ! Qu’elle soit ronde ou en croissant, elle demeure toujours l’astre le plus important de la Galaxie. Grâce à elle, mon jardin devient extraordinaire car elle y répand en abondance ses réserves d’argent. Parmi la multitude des étoiles vassales, ma préférée fait figure de reine. Par son aspect unique, elle devient à mes yeux l’ « Unique ». Admirez comme elle étincelle, dans le velours sombre du ciel. C’est MON ETOILE et je m’imagine qu’elle n’est là que pour moi. Sa splendeur et sa taille bien au-dessus des autres, ternit la réelle brillance de ses voisines.
Chaque soir, je me sens devenir poète à la vue de cet énorme diamant venant fidèlement me rendre visite sitôt que meurt le jour. Nous écoutons ensemble sonner les heures, lorsque Morphée ne parvient pas à m’endormir de ses barcarolles.
Il n’est pas rare que je me lève dès l’aube pour la regarder pâlir puis disparaître, après un ultime éclat... C’est fini ! Elle aussi va se coucher pour venir me retrouver à l’heure habituelle.
Un soir pourtant, elle sera fort étonnée et se dira : « Tiens ! Elle n’est pas là ? Que lui est-il arrivé ? »

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