vendredi 6 avril 2007

Allo, chère grande amie

Ce matin, mon amie Elsa, me semble « toute chose ». Je m’inquiète et lui dis que si elle a un problème, surtout qu’elle n’hésite pas à se confier à moi. Doux Jésus! A quoi serviraient les amis si on ne pouvait compter sur eux aux mauvais moments de l’existence! J’entend à l’autre bout du fil sa voix languissante m’affirmer qu’elle n’a rien de spécial mais qu’elle se sent dans cet état d’esprit, avec ce vague à l’âme, qui coïncident avec ses prémonitions: » Je suis sûre qu‘aujourd‘hui, il va m‘arriver quelque chose de désagréable. Je me sens « en communion » avec le temps. » Eh bien, nous y voilà! Le soleil ne parvient pas à percer le gris du ciel. Il se plaît dans sa grisaille et cela influe sur l’humeur de mon amie Pipelette. En outre, elle n’a pas vu le petit oiseau chanteur qui, dès les premières lueurs du jour, vient gazouiller sous sa fenêtre. Il n’en faut pas plus pour lui ôter toute envie de rire et plaisanter. Mais je la connais bien! Après un début de conversation, elle va redevenir cette charmante compagne pleine d’humour et de joie de vivre. Pour l’instant, c’est ce côté latin qui domine et qu’elle ne parviendra jamais à chasser. Elle a gravées en elle toutes les superstitions héritées de sa grand’mère Amalia laquelle les tenait de ses deux « mémés » J’use enfin des grands moyens auxquels elle ne pourra résister: « Je me sens un peu seulette. Si vous veniez déjeuner avec moi? » Un « Oui, bien sûr! Un « ravalement de façade » , à grands renforts de crème et rouge à lèvres et me voilà! J’arrive. » Je suis certaine que nous allons passer une excellente journée car nous irons faire une promenade au bord de mer, en tâchant d’oublier les quelques coups de vent qui vont nous écheveler.
Je viens d’ouvrir le journal et je vois qu’en page 24, un titre en caractère gras nous informe que Monsieur Sarkozy, d’emblée, refuse un débat à quatre sur Internet, avant le premier tour des présidentielles. C’est catégorique. Par contre, Monsieur François Bayrou le souhaite. Notre gazelle Ségolène et Monsieur J.M Le Pen disent oui. Quatre visages nous apparaissent, bien différents. François, le premier est lancé dans la discussion; Notre Royale Ségolène, toujours très élégante, présente un dépliant qu’il m’est impossible de déchiffrer. A sa gauche, Monsieur Bayrou, lui fait suite, et défend son point de vue devant deux micros. Enfin, toujours aussi peu sympathique et, sur la photographie, faisant la moue, le yeux mi-clos, Monsieur Jean-Marie Le Pen. En quelque sorte, les quatre mousquetaires réincarnés. cela promet de beaux combats... oratoires mais soyons patients: ils ne manqueront pas jusqu’aux présidentielles. Nous aurons peut-être la chance d’entendre Madame Ségolène nous sortir quelques mots charmants de son cru sinon de celui de Monsieur Voltaire. Espérons que son raccourci de phrase ne sera pas un rallongi.
C’était hier mon anniversaire. Je vais vous taire le nombre de mes printemps car ce serait réitérer puisque je vous les ai déjà mentionnés. Tant pis si vous faites parti des compatriotes à la mémoire courte. Si la question vous intéresse, sachez que j’ai reçu entre autres cadeaux, un livre traitant de la vie d’Henri IV. On sait dans ma famille que j’ai un petit faible pour cette tête couronnée qui se comportait souvent, à quelques choses près! en homme plutôt qu’en roi. Bien sûr, sa façon de gérer sa vie privée ne pouvait que lui nuire et la liste de ses conquêtes offusquer, tous les braves gens honnêtes.
En feuilletant brièvement, cet album, une page m’apparaît avec, en titre : une affaire de sorcellerie à Loudun. Cette ville du Poitou me fit souvenir qu’au cours du siècle dernier, on avait parlé dans la presse d’une bonne dame qui avait vécu dans cette ville mais je ne me souviens plus pourquoi son nom était mentionné. J’apprend que lors d’une épidémie de peste, on avait enregistré la mort de 3500 personnes. La population avait pu admirer le courage du curé de l’église Saint-Pierre, Urbain Grandier, qui s’était dépensé pour aller au chevet des malades. Au lieu de récompenser ses mérites, on l’accusa d’être au centre d’une des plus fameuses affaires de sorcellerie du siècle. la principale accusatrice, mère Jeanne des Anges, supérieure au couvent des ursulines, se dit victime des démons associés à Grandier. Le couvent aurait été ensorcelé par un bouquet de roses. Les sœurs disent qu’elles sont victimes de phénomènes, entendent leur nom dans les couloirs, reçoivent des coups sans qu’elles ne voient ceux qui les leur distribuent. L’évêque envoie des exorcistes. L’affaire va durer deux ans. Le confesseur des ursulines, le dit Urbain Grandier, finira par être arrêté, en 1633 malgré qu’il proteste de son innocence. Mais il y a confrontation avec les religieuses qui, possédées, entrent en transe et, l’écume aux lèvres, se mettent à proférer d’épouvantables blasphèmes. Le pauvre bougre est soumis à la torture des brodequins, appareils qui enserrent les jambes du supplicié, et lui brisent les os. Il continue à se dire innocent? Qu’à cela ne tienne! Deux stratagèmes finiront par le perdre. Un chirurgien complaisant fait mine de piquer différents points du corps de Grandier, avec une lancette, pour démontrer que certaines zones sont insensibles, ce qui prouverait son caractère démoniaque. Enfin, on produit un faux écrit en lettres de sang dans lequel le malheureux prêtre aurait signé un pacte avec le diable. Tout cet ensemble de faits aurait le pouvoir de surtout faire rire la Marionnette de l’An 2000 mais à cette lointaine époque, on leur accorde crédit et Grandier sera finalement condamné au bûcher et brûlé vif, le 18 août 1634. La peine de mort our sorcellerie ne sera abolie qu’en 1672, par Colbert.
Je passe une veste sur ma robe; je sors sur ma terrasse et je sens ce bon air venu de la mer toute proche, qui vient caresser doucement, mes joues. Je me sens détendue; heureuse de vivre à une époque où je suis la première à dire sans trop réfléchir,
qu’il n’y a plus de justice et, en signe de mea-culpa, ce soir, je vais réciter ma prière avec bien plus de conviction. Ainsi soit-il !!!...

Aucun commentaire: